De fils en céramique

Dans cette nouvelle série, l’artiste explore un territoire où la matière devient langage.
Après avoir longtemps travaillé la toile, la couleur, le relief et la spontanéité du geste, elle ressent le besoin d’aller plus loin, d’introduire de nouvelles matières, de nouvelles respirations.

Elle commence alors à tisser, coudre, superposer. Le fil de couture devient pour elle un fil conducteur de la vie : fragile et fort à la fois, il relie les fragments, répare les déchirures, relie les histoires. Chaque point de couture, chaque nœud, chaque passage de fil trace un lien entre le visible et l’invisible, entre ce que l’on retient et ce que l’on libère.

La matière textile s’invite sur ses toiles comme une peau seconde, un lieu de mémoire et de transformation. L’artiste aime l’idée du tissu comme empreinte du vécu, qui absorbe les couleurs, les gestes, les émotions.

À travers la céramique, elle introduit une autre forme de vie : la terre modelée. Pour elle, cette matière représente l’essence même du travail patient du façonnage, du contact avec l’élément brut. Modeler, c’est apprivoiser la vie, lui donner une forme, la transformer en énergie tangible. La céramique agit comme un conducteur entre le réel et le symbolique, un ancrage solide au milieu du mouvement et des textures.

La couleur reste au cœur de son expression — vibrante, instinctive, presque organique. Elle pulse, respire, raconte.

Dans ces nouvelles œuvres, l’artiste cherche à lier le fil et la terre, le souple et le dur, le mouvement et la structure, pour créer une écriture vivante et tactile où chaque élément dialogue avec l’autre.

Ces pièces deviennent, en quelque sorte, des autoportraits de son propre cheminement : elles racontent la nécessité de relier, de recoudre, de transformer — encore et encore — pour donner sens et forme à la vie.